Avec la récurrence des épisodes de sécheresse, les industriels sont confrontés à des restrictions d'eau qui menacent leur production. Ils intensifient leurs efforts pour s'adapter, mais se heurtent à des freins économiques. Anaïs Marechal, journalistique scientifique pour le magazine Industries & Technologies a demandé l'éclairage d'Ecofilae pour comprendre les enjeux et apporter des réponses aux questions des industriels qui souhaiteraient se lancer dans un projet de réduction de leur empreinte eau. Extraits du dossier.
Comprendre les enjeux et apporter des réponses aux questions des industriels
Comment inciter l'industrie à investir plus de sobriété hydrique ?
"Il faut changer la façon de comptabiliser l'eau. Nous avons incité nos adhérents à déterminer le volume utilisé par unité produite. Cet indicateur reflète les progrès réalisés au niveau des procédés, sans freiner l'augmentation de la production. L'industrie automobile, par exemple, est passée de 15 à 4 m³ d'eau consommée par voiture produite. Pour aller plus loin, nous travaillons avec nos adhérents sur le prix d'achat de l'eau. Cette dynamique - insufflée par Arkema - consiste à ne pas se fonder uniquement sur le prix d'achat, mais à comptabiliser également l'impact économique du manque d'eau. C'est un levier fort pour investir dans la sobriété hydrique."
Christian Lecussan, Président de la Fenarive
Quelles sont les étapes à suivre pour lancer la transition hydrique dans un site industriel ?
"La première chose à faire est de comprendre ses flux hydrauliques en mesurant ses consommations et ses prélèvements. Un audit permet ensuite d'identifier les fuites et d'analyser les process consommateurs. En France, les usines manufacturières sont de très mauvaises élèves en matière de fuites. Une fois celles-ci réparées, nous préconisons de mettre en place des solutions de réutilisation de l'eau au sein du process. Ces étapes peuvent permettre d'en économiser jusqu'à 70 %. À ce stade, il est possible de réaliser 20 à 30% d'économies supplémentaires en remplaçant certains process ou systèmes de refroidissement et en recyclant l'eau en sortie d'usine. Mais les investissements sont alors bien plus importants."
Thierry Troudet, Directeur général d'Ecolab France, solutions et services dans la gestion de l'eau pour l'industrie.
Le recyclage et la réutilisation des eaux sont des leviers efficaces pour atteindre la sobriété hydrique . Une large panoplie de solutions existent. Mais le coût des installations et le flou réglementaire freinent leur essor dans l'industrie.
Quelle est la particularité des projets que votre entreprise accompagne ?
Nous mettons en œuvre l'économie circulaire à l'échelle d'un territoire dans le cadre de l'écologie industrielle. En pratique, nous accompagnons des projets de réutilisation des eaux usées traitées multi-acteurs. De nombreuses sources existent : eaux industrielles, en sortie des stations d'épuration collectives et industrielles. Ainsi que de nombreuses utilisations : irrigation, arrosage d'espaces verts, usages urbains et industriels. Nos projets liés à l'industrie se multiplient depuis 2022.
La REUT multi-acteurs est-elle un atout pour dépasser les freins économiques ?
L'eau est trop peu chère pour justifier des investissements industriels. Plus l'échelle d'un projet de REUT est étendue, plus les possibilités de créer de la valeur sont élevées (création d'emplois, synergies entre les filières...) et plus les projets attirent les financements, en particulier des différentes parties prenantes. Nous développons des modèles juridico-économiques qui permettent de dépasser les freins économiques classiques.
Dans quel cas faut-il envisager la REUT multi-acteurs ?
"Il faut d'abord actionner les autres leviers de sobriété et étudier l'intérêt pour le territoire, qui n'est pas toujours réel. Dans les grandes zones industrialisées, les eaux traitées peuvent servir à d'autres entreprises. L'autre cas d'usage est celui d'un site confronté à la problématique de ses rejets. Un cours d'eau n'est parfois plus en mesure de recevoir la charge polluante des effluents industriels -malgré leur conformité- en raison d'une baisse de son débit. La REUT multi-acteurs, pour l'irrigation ou dans l'industrie, peut-être un autre exutoire pour les effluents. Ses avantages sont nombreux : réduction des prélèvements, retour à l'équilibre quantitatif et qualitatif du cours d'eau, retombées positives pour la biodiversité et les activités humaines."
Avril Picaud, ingénieure référente Industrie Ecofilae
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