Face aux enjeux croissants de sobriété et de préservation de la ressource en eau, la France a adopté en 2023 un plan national pour une gestion résiliente. Dans ce contexte, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) est devenue une priorité stratégique. Le gouvernement a ainsi fixé un objectif de développement de plus de mille projets REUT d'ici 2027. S'inscrivant dans cette dynamique nationale, le SIARP (Syndicat intercommunautaire pour l'assainissement de la région de Cergy-Pontoise et du Vexin) a décidé d'explorer activement le potentiel de la réutilisation des eaux usées traitées sur ses stations d'épuration.
Après une première étape en 2024, marquée par l'installation d'une unité de réutilisation des EUT pour des usages internes à la STEP de Neuville-sur-Oise, le Syndicat cherche à évaluer la faisabilité d'un déploiement à plus grande échelle. Le SIARP a lancé à l'automne 2025 une étude d'opportunité d'une durée d'un an, confiée à Ecofilae, pionnière de la réutilisation des eaux usées traitées depuis 2009.
Sébastien Legrand, Directeur des services techniques du SIARP, précise que les objectifs impliquent de déterminer si les eaux recyclées peuvent être utilisées pour des usages internes à des stations plus modestes du Vexin (Chars, Marines, ou Vigny-Longuesse), mais aussi pour répondre à des besoins externes, pouvant inclure l'arrosage d'espaces verts, le nettoyage des voiries ou le curage des réseaux.
L'étude menée par Ecofilae intègre des solutions qui évaluent la faisabilité technique, environnementale, réglementaire et économique du projet à l'échelle du territoire du SIARP, en impliquant tous les acteurs locaux (gestionnaires, usagers, territoires).
Évaluer le potentiel des eaux usées traitées et déterminer les usages optimaux
Le Syndicat est conscient des équilibres complexes à trouver en s’assurant que la réduction des rejets d'eau traitée dans le milieu naturel ne menacera pas son équilibre. L'étude devra aussi évaluer le potentiel de chaque station (petite ou grande), la pertinence de la réutilisation des EUT en regard à d'autres ressources, la distance de transport de l'eau et la responsabilité légale du SIARP sur la qualité de l'eau produite.
Didier Moers, Directeur général des services, évoque l'intérêt de l’eau recyclée, notamment en milieu rural, pour les camions d'hydrocurage utilisant actuellement de l'eau potable, ce qui permettrait d'optimiser le curage préventif des 40 km de réseaux annuels.
La viabilité des projets dépendra de l'identification d'usages structurants (agricoles, industriels, récréatifs comme les golfs) situés à proximité des gisements d'eau, selon Marjorie Kreis, cheffe de projets Ecofilae. L'étude devra caractériser la qualité d'eau requise pour chaque usage et abordera l'acceptabilité de ces pratiques, facteur clé de succès. L'objectif final : fournir au SIARP des décisions éclairées pour s'adapter au changement climatique et préserver les ressources en eau potable.
Crédits photos : SIARP





